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3 mars 2022
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Ariane Desbiens met de la couleur dans le Centre sportif Pays-d’en-Haut!

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la MRC des Pays-d’en-Haut désire souligner l’implication de femmes dans des métiers non conventionnels et vous présente le portrait de deux femmes peintres en bâtiment travaillant sur le chantier du Centre sportif Pays-d’en-Haut.


Ariane Desbiens et Odrey Gariépy, peintres en bâtiment… de mère en belle-fille! On les voit ici dans les gradins du futur bassin semi-olympique du Centre sportif Pays-d’en-Haut. (Photo : Denis Landry)

À 41 ans, Ariane Desbiens est peintre depuis sept ans chez Travaux de peinture Cyr, un sous-traitant qui a le contrat de peinture industrielle au Centre sportif Pays-d’en-Haut. Cumulant 20 ans d’expérience, celle qui est aujourd’hui contremaître, a dû faire sa place dans un monde professionnel où les hommes constituent la quasi-majorité de la main-d’œuvre (97,27% en 2020). Portrait d’une femme haute en couleur.

Derrière un visage souriant et avenant, se cache une professionnelle qui a commencé sur les chantiers à l’âge de 21 ans, à une époque où les femmes se comptaient sur les doigts d’une main. Si depuis, leur nombre a crû, passant de 515 femmes actives sur les chantiers en 2000, à 4849 en 2020, leur représentativité (2,73% de la main-d’œuvre totale dans la construction) reste en deçà des objectifs fixés par la CCQ et de la moyenne canadienne qui était de 4%. Toutefois, s’il y a un corps de métier qui a dépassé les objectifs fixés par la CCQ, c’est celui de peintre : en effet, un salarié sur cinq est une femme.

Et c’est justement cette formation qu’a suivi Ariane à l’École des métiers de la construction de Montréal. « J’hésitais entre tireur de joint et peinture, et je me suis dit que peinture ce serait moins ‘’salaud’’, avec la poussière de plâtre quand on ponce les joints », lance-t-elle, le sourire narquois.

Moi aussi je suis capable

Fonceuse et déterminée, sa cible fut d’aller aussi vite, d’être aussi forte que les hommes. « Peut-être même plus qu’eux. Je voulais me prouver que j’étais capable de faire aussi bien sinon mieux qu’eux », se souvient Ariane. Et la force ne tient pas qu’au caractère. « Les gens pensent que peinturer sa chambre, ça peut être le fun, c’est facile. Mais sur un chantier de construction, parfois, on reçoit des palettes avec 70 contenants de 20 litres, c’est 70 livres chaque. Il faut qu’on puisse les lever autant qu’un homme. »

Au-delà de la force, qu’elle soit mentale ou physique, le monde de la construction demande parfois d’autres habiletés. Au fil du temps, Ariane a dû orchestrer des travaux complexes, déterminer les ressources matérielles et humaines, encadrer les apprentis, selon des échéanciers et des budgets serrés. « Être contremaître n’est pas donné à tout le monde. Ça prend du temps, des aptitudes, du leadership. C’est beaucoup de responsabilités. J’ai déjà eu 17 personnes à coordonner sur un chantier, avec des caractères très différents. Il faut faire preuve de psychologie aussi, tout en respectant les échéanciers. »

« Je cherche toujours à me dépasser, à faire plus vite, mieux, plus beau. J’aime mon métier et j’en suis fière. Ce métier était fait pour moi. » – Ariane Desbiens, peintre contremaître, chantier du Centre sportif Pays-d’en-Haut.

Être femme contremaître sur un chantier de construction démontre le chemin qu’Ariane a parcouru. Bien qu’encore traditionnellement représenté par une écrasante majorité d’hommes, Ariane remarque que ce monde change. « Je pense qu’aujourd’hui c’est moins stéréotypé. Peut-être qu’il y a 20 ans, cela pouvait arriver que je me fasse regarder, mais plus maintenant. »

Odrey et Ariane, toutes deux peintres sur le chantier du Centre sportif Pays-d’en-Haut. (Photo : Denis Landry)

Elle ne se souvient que d’une situation où un homme a tenu des propos sexistes. « Le monsieur considérait que les femmes n’avaient pas leur place sur les chantiers de construction. Qu’il y avait eu une crise économique en 1980 parce que les femmes étaient rentrées sur le marché du travail. Qu’on était bonne juste à la maison, de s’occuper de nos enfants. Ma fille était supposée être une tueuse en série parce que je l’apportais à la garderie, que je ne m’en occupais pas. J’ai dit à mon patron : c’est lui ou c’est moi. Il est parti. »

Conciliation famille-travail

Quant à savoir ce qui pourrait être amélioré dans le monde de la construction, Ariane répond la conciliation travail-famille sans hésiter, précisant que les heures matinales de chantier entrent parfois en conflit avec les heures d’ouverture des garderies. « J’ai eu la chance d’avoir un conjoint qui commençait assez tard pour déposer les enfants et moi je finissais assez tôt pour aller les chercher. » Cette dernière pense que l’évolution et l’épanouissement des femmes dans leur métier passe par la compréhension et la conciliation des conjoints et des employeurs.

Avec le recul de deux décennies, Ariane clame avoir toujours le feu sacré. « Je cherche toujours à me dépasser, à faire plus vite, mieux, plus beau. J’aime mon métier et j’en suis fière. Ce métier était fait pour moi. » Quel message lancerait-elle aux femmes qui sentent l’appel des métiers de la construction? « Juste de ne pas avoir peur. Il y en a d’autres qui sont capables. À l’école, on n’en parle pas tant des métiers de la construction, mais il y a plein de beaux métiers. »

Finalement, selon elle, que peuvent apporter les femmes sur un chantier?

« Je pense que ça met de la joie », répond Ariane du tac au tac.


La relève

Odrey Gariépy, apprentie-peintre à 21 ans

Odrey Gariépy, apprentie-peintre à 21 ans travaille avec sa belle-mère sur le chantier du Centre sportif Pays-d’en-Haut. (Photo: Denis Landry)

Tu travailles sur les chantiers depuis quand?

Le 11 mars cela fera quatre ans. Et je devrais être compagnon cet été. Cela prend 6000 heures sur un chantier.

C’est quoi une semaine de travail normale pour toi?

C’est de 6h à 14h, on prend un quart d’heure pour diner, et le vendredi on termine à midi.

Quel est ton parcours?

Au début, je voulais poursuivre mes études mais à un moment donné, cela ne me tentait plus.

Je suis rentrée directement sur les chantiers après que le bassin de main d’œuvre se soit ouvert, que j’ai réussi mon cours Santé et sécurité générale sur les chantiers de construction, et une garantie d’emploi d’au moins 150 heures sur une période de trois mois. Je fais donc mon apprentissage sur les chantiers, tout en suivant un cours par année.

Tu te vois où dans 20 ans?

Ici! Dans ce métier avec Travaux de peinture Cyr.

Comment te vois-tu évoluer dans ton métier?

Déjà en devenant contremaître. Et aussi en étant de plus en plus rentable. Je tente de me surpasser tout le temps.

Sens-tu que tu dois effacer un peu ta féminité quand tu es sur un chantier?

Oui. Si je suis sur mon Skyjack, je vais me pencher de manière moins suggestive. Il faut que je pense à ma posture. Je veux me fondre dans le décor. Je veux être acceptée parce que je suis bonne travaillante, pas parce que je suis une fille.